Collectionner à gogo – de Panini à Pokémon

Stickers Panini, cartes Pokémon ou Ninjago: quelles sont les principales tendances parmi ce qu’on appelle les «collectables»? Comment naissent les stars des collections? Et pourquoi …

Stickers Panini, cartes Pokémon ou Ninjago: quelles sont les principales tendances parmi ce qu’on appelle les «collectables»? Comment naissent les stars des collections? Et pourquoi paie-t-on des dizaines de milliers de francs pour certaines cartes?

Le 11 juin, le coup d’envoi de la coupe UEFA EURO 2020 sera donné – et, partant, le pic des ventes de stickers Panini. Certes, les petites photos de footballeurs sont déjà en circulation depuis la mi-mars, par exemple dans les formats Valora k kiosk, Press & Books et avec, où enfants et adolescents ont pu obtenir rien qu’en Suisse 2 millions de sachets gratuits contenant chacun 2 photos. Cependant, l’expérience des dernières années montre que la collectionnite atteint généralement son paroxysme généralement peu avant le début de la phase finale, voire après. Par ailleurs, si les résultats des équipes nationales sont bons, elle peut connaître en peu de temps une ascension fulgurante.

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Tendances de collection également en dehors des stickers de foot Panini

La collecte, l’échange et le marchandage autour des phases finales de foot, sont devenus depuis longtemps un rituel. Mais l’on oublie souvent que la collecte se poursuit même entre deux. Ce qu’on appelle en anglais les «collectables» (objets à collectionner) comme les stickers, les cartes à échanger ou les personnages et accessoires sont plus demandés que jamais, malgré la concurrence numérique des jeux et applis. «Après une stagnation de l’activité des collectables jusqu’en 2010, les ventes ont recommencé à augmenter continuellement au cours des années passées», affirme Michel Vaucher, Category Manager Non-Food/Presse/Livres/Jeux de hasard chez Valora.

Depuis 20 ans déjà, les cartes du jeu vidéo Pokémon occupent une place au sommet parmi les collectables. Autres best-sellers, les cartes à collectionner du jeu Fortnite ainsi que de la série télévisée Lego Ninjago. D’autres tendances de collection remontent à des périodiques populaires comme les personnages actuellement très demandés de «princesse Disney».

La prochaine star des collectables? Difficile à prevoir

«Beaucoup de tendances de collection naissent autour des produits dérivés de films, séries ou jeux», explique Christoph Herrnberger, responsable d’équipe Category Management Presse chez Valora Retail Allemagne. Néanmoins, il est difficile de prévoir les futurs produits phares des collections. Michel Vaucher confirme que les stars surgissent parfois de nulle part: «Par conséquent, nous observons le marché de très près, en avons un bon aperçu et beaucoup d’expérience. Les réseaux sociaux sont aussi un indicateur passionnant de ce qui pourrait bien marcher ou non.»

La réussite ou l’échec d’une opération de collecte dépendent de divers facteurs. Par exemple de la saison, comme le montre l’exemple des Pokémon. Ainsi, les ventes de cartes augmentent par bonds à la rentrée scolaire ou pendant les vacances scolaires en cours d’année. Durant les vacances d’été en revanche, elles ont plutôt tendance à baisser.

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Offre et demande pour Panini et Pokémon

Par ailleurs, les tendances de collection sont animées par le principe de l’offre et de la demande. Un Lewandowski a-t-il la même valeur qu’un Shaqiri? Ou un Sommer est-il équivalent à un Neuer? Il s’agit là de préférences personnelles, d’aptitudes et de valeurs marchandes, mais aussi de la disponibilité des cartes: plus elles sont rares, plus elles ont de valeur. Cela vaut encore plus pour les cartes Pokémon que pour les stickers Panini. Leurs fans sont connus pour leur fanatisme et parcourent parfois des dizaines de kilomètres pour acheter des cartes épuisées. La carte Pikachu Illustrator est leur Saint Graal, disponible en 39 exemplaires seulement dans le monde. Cela se reflète dans le prix: lors d’une vente aux enchères, un exemplaire a été vendu à près de 55’000 de dollars US.

D’autres collections marquent des points par leur caractère régional, comme «Hamburg sammelt Hamburg» avec des stickers représentant des gens et des choses étroitement liés à la ville hanséatique. Le succès surprenant de cette collection a donné lieu à des opérations pour d’autres régions. Mais la régionalité n’est pas forcément synonyme de réussite: «En marge de la fête fédérale de lutte et des jeux alpestres de 2019, on pouvait acheter des stickers des meilleurs lutteurs», se souvient Michel Vaucher. «Cette opération n’a pas comblé nos attentes. La majorité des visiteuses et visiteurs de l’événement ne correspondait probablement pas au groupe cible classique des collectables.»

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Pourquoi collections-nous encore des stickers Panini?

Ce groupe cible est composé en premier lieu d’enfants et d’adolescents, et en particulier de garçons passionnés de sport. Parmi les adultes, ce sont presque exclusivement des hommes qui s’adonnent à la chasse et à la collecte – des stickers et cartes de sports populaires comme le foot, le basket ou encore la formule 1.

Mais que l’on soit jeune ou moins jeune, pourquoi collectionnons-nous donc encore les stickers et les cartes supposées démodées, pourquoi est-ce que nous les collons ou les exposons? Dieter Frey, professeur de psychologie sociale à l’université de Munich, explique dans un article du journal «Die Zeit»: «En accumulant et en exposant des objets de toutes sortes, les gens acquièrent une orientation, vivent leur passion, mais aussi leur vanité et leur instinct de pouvoir.»

Bien que l’on puisse considérer le fait de collectionner comme une activité solitaire, il comporte aussi une énorme composante sociale. En témoignent les scènes d’échange dans les cours de récréation: quand on collectionne, on a des camarades. Quand on ne collectionne pas, on est exclu. Dieter Frey ajoute: «Les meilleurs amis et copains collectionnent, et donc on participe et on est accepté par la communauté correspondante.» Par exemple, environ 500’000 personnes participent chaque année aux rencontres d’échange du jeu de cartes à collectionner japonais Yu-Gi-Oh! organisées à Dortmund.

Nostalgie et souveniers de notre propre enfance

Verena Hüttl-Maack, professeure de gestion d’entreprise à l’université de Hohenheim, donne d’autres raisons de collectionner dans un article du «Nordwestzeitung»: «Un facteur pourrait être la nostalgie et les souvenirs de notre propre enfance. Un autre facteur serait ce qu’on appelle l’effet IKEA: les gens attribuent une plus grande valeur à une table qu’ils ont eux-mêmes assemblée qu’à une table qu’ils ont reçue déjà montée. Notre propre performance nous fait apparaître la chose plus précieuse.» En outre, elle considère l’instinct du jeu et la curiosité comme des raisons importantes: «Il est prouvé que le fait de susciter la curiosité produit des émotions positives, même si le résultat au final n’est pas réellement spectaculaire. On éprouve une sorte d’effet de récompense.»


Fotos: nonophotography

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